Exposition réalisée par la Curatorial team 2024-25 dans le cadre de Ecoart - Curatorial Project
Artistes : Natacha Anderes, John M. Armleder, Pascal Berthoud, David Brunel, Laurie Dall'ava, Elodie Dornand de Rouville, Seung-Hwan Oh, Nina Roussière, Chu Teh-Chun, Rémi Vinet.
Exposition réalisée par la Curatorial team 2024-25 dans le cadre de Ecoart - Curatorial Project, avec la participation du Fonds Cantonal d'Art Contemporain de Genève et du FRAC Sud (Cité de l'Art Contemporain). Un projet mené par Manuel Fadat et Isabelle Muller.
Vernissage le jeudi 26 septembre à 17h00.
Depuis des années, nous avons lancé un programme pédagogique nommé Curatorial project (ouverture sur les métiers de l'art d'une part, sensibilisation à l'océan de l'art contemporain et sensibilisation au commissariat d'exposition d'autre part). Dans ce contexte, la Curatorial team, constituée d'élèves accompagnés par Manuel Fadat, commissaire d'exposition et historien de l'art indépendant, conçoit et réalise une exposition de A à Z.
Nous avons tous en tête les mots de Klee pour qui l'art ne reproduit pas le visible mais rend visible. Il le dévoile. Mais que rend-il visible ? Tout ce qui vit en lui, tout cet invisible que nous ne voyons pas et qui pourtant se glisse jusqu'à nos mémoires, jusqu'à nos sens, les fait vibrer, s'activer. L'art est une histoire de l'invisible, depuis la nuit des temps. L'invisible comme racines du visible. Nous avons tous en tête les mots de Victor Hugo également : La forme, c'est le fond qui remonte à la surface. Le fond ? Pour Merleau-Ponty, l'invisible est la chair du visible, non pas son contraire. Les formules coulent à flot.
« Une image, chaque image, est le résultat de mouvements provisoirement sédimentés ou cristallisés en elle. Ces mouvements la traversent de part en part, ont chacun une trajectoire (…) partant de loin et continuant au-delà d'elle. Ils nous obligent à la penser comme un moment énergétique ou dynamique »1.
Nous sommes sur la voie. L'art est un des lieux de perception de l'invisible. Entre autres. Le visible n'existe que par l'invisible. Question de voir, question de regard, question d'optique, question de temps, question d'espace, question d'évènement, question d'amour, aussi. L'invisible est le battement de cœur qui fonde l'image dirait David Brunel. L'image, dans ses dimensions et fonctions, magiques, sociales, politiques, pédagogiques, se joue des bords, des profondeurs, des endroits, des envers, des revers, des champs et d'hors champs, de dévoilements, de contenus cachés (consciemment, inconsciemment), de cristallisations, hétéronomiques, autonomes, hétérotopiques, utopiques, dystopiques, de déclencheurs mnésiques et esthétiques... et nous relie « dans » le visible aux invisibles. Aux invisibles, jusqu'aux invisibilisés, aux invisibilités. Sans cet invisible bourgeonnant, pas de visible rayonnant. Aussi faut-il penser et sentir l'invisible des images, le laisser apparaître, le donner à voir, qu'il se fraie un chemin, rusé, à travers les humains, toujours pour leur émancipation.
L'exposition In-Visible(s), s'engage alors profondément dans le(s) visible(s).
* Légende : David Brunel, Poertrait #1 – Links & blinks (according to Goya), tirage Lambda sur papier métallique, 94,5 x 76 cm, monté sur aluminium, 99,4 x 80,7 cm encadré, 2007.
1Georges Didi-Huberman, L'image survivante, Les Editions de Minuit, Paris, 2002, p.39.
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